80 % des employés ne se sentent pas engagés au travail – voire sont « activement désengagés » – selon l’enquête globale State of the Global Workplace publiée en juin 2021 par Gallup. De fait, dans un contexte encore aggravé par la crise sanitaire, la démotivation des salariés représente aujourd’hui un défi majeur pour les entreprises.
Sans surprise, susciter l’engagement des équipes passe en grande partie par le management, notamment dans sa dimension humaine. Le management participatif (ou collaboratif) s’inscrit dans cette dynamique en s’appuyant sur l’intelligence collective et en conférant plus d’autonomie et de pouvoir de décision aux collaborateurs.
Comment le management participatif peut-il améliorer l’efficacité individuelle et la performance collective ? Quels sont ses principes, avantages et outils pour permettre aux collaborateurs de prendre une part active et motivée à la réussite de l’entreprise ?

Qu’est-ce que le management participatif ou collaboratif ?
Comme son nom l’indique, le management participatif – ou management collaboratif – invite les managers à faire participer les collaborateurs à la réalisation des objectifs de l’équipe et de l’entreprise, à la prise de décision et à l’amélioration continue.
Le management participatif s’appuie sur l’intelligence collective pour créer un puissant levier d’implication, de motivation et d’innovation au service de l’efficacité et de la compétitivité en équipe.
De plus en plus pratiqué aujourd’hui – en lieu et place des modes de management directif et persuasif – grâce à l’évolution des modes de travail et de la culture managériale, l’objectif principal du management participatif est de fédérer les collaborateurs et susciter leur adhésion pour atteindre collectivement un objectif commun.
Le management collaboratif implique donc de développer des relations sur le long terme entre manager et collaborateurs et établir une confiance et un dialogue constructifs pour mener ensemble des projets en bonne intelligence… collective !
Les 5 principes du management participatif pour une intelligence collective
Le management participatif repose sur 5 grands principes que le manager peut mettre en œuvre pour susciter la motivation et la collaboration des collaborateurs :
- Engager et fédérer les équipes autour d’une vision claire et d’un but commun, pour que chacun se sente acteur dans l’atteinte des objectifs.
- Responsabiliser les collaborateurs en déléguant et en encourageant la collaboration, la cohésion d’équipe et l’intelligence collective.
- Rendre les collaborateurs autonomes notamment dans la résolution de problèmes ou de conflits, et n’intervenir qu’en recours si la situation est bloquée.
- Encourager l’innovation, la prise d’initiatives et le droit à l’essai et à l’erreur pour favoriser l’amélioration continue et la réussite des projets.
- Développer les compétences individuelles et collectives en mettant l’accent en particulier sur les « soft skills » utiles en équipe, comme l’agilité, l’écoute, la communication et le feedback.
Le management participatif pour la performance et le bien-être en entreprise
Pour les managers comme pour les collaborateurs, le management collaboratif permet à chacun de s’épanouir et de valoriser son travail, en se complétant mutuellement.
Les avantages du management collaboratif pour les équipes
La mise en œuvre d’un management participatif impacte d’abord l’expérience collaborateur, car il permet de :
- favoriser le bien-être et la qualité de vie au travail (QVT) en renforçant le sentiment des collaborateurs d’être écoutés, valorisés et reconnus,
- renforcer le sentiment d’appartenance et la confiance en soi donc la prise d’initiatives et l’innovation,
- développer la motivation et l’implication de chacun au service d’une meilleure ambiance dans l’équipe pour diminuer les tensions et l’absentéisme (voire le turn-over),
- améliorer la créativité et la performance en équipe en s’appuyant sur l’intelligence collective : selon l’étude Gallup citée en introduction, le management participatif permettrait d’augmenter de 20 % la productivité !
Selon les analyses du psychologue et expert américain Rensis Likert et de nombreuses études corroboratives, parmi les 4 grands types de management (directif, persuasif, participatif et délégatif), les deux derniers, plus collaboratifs et horizontaux, permettent la meilleure efficacité au travail en lien avec le degré d’autonomie des collaborateurs.
Les bénéfices du management collaboratif pour les managers
Outre des équipes plus engagées et innovantes – une belle réussite en soi ! -, les managers peuvent aussi s’appuyer sur le management collaboratif pour :
- Développer leur propre rôle de manager leader au service de l’équipe en partageant la vision de l’entreprise, en donnant l’impulsion et en suscitant la motivation et l’engagement ; une étude d’Oresys révélait déjà en 2017 que dans 79 % des entreprises les plus performantes, les cadres considéraient leur manager comme un « leader, inspirant, bienveillant, qui prend en compte leur point de vue et les soutient ».
- Enrichir leur vision managériale et optimiser leurs décisions en équilibrant les intérêts des uns et des autres, grâce aux retours d’expériences des collaborateurs sur le terrain.
La boîte à outils du management participatif
Les managers souhaitant mettre en place avec succès un management en mode participatif disposent d’une large palette de méthodes et d’outils, souvent issus du management 3.0 (concept développé par Jurgen Appelo), utilisables à la carte selon le contexte de l’entreprise et les besoins de l’organisation.
Des outils pour cadrer et organiser la délégation
- Le cadre de collaboration permet de fixer les règles indispensables entre le manager et les collaborateurs puisque le management participatif se construit sur l’échange ;
- Les outils tels que la matrice de compétences ou le jeu de cartes Moving Motivators permettent d’organiser la délégation et la responsabilisation, en actionnant les leviers de motivation de chacun (réussite, interactions, pouvoir…) pour engager chaque collaborateur de façon appropriée ;
- Les outils comme le jeu de cartes Delegation Poker permettent de convenir en équipe des modalités de délégation les plus adaptées à chaque prise de décision récurrente.
Des outils pour partager et communiquer
- Au-delà de la boîte à idées, les méthodes de brainstorming comme le brainwriting ou les chapeaux de Bono permettent d’alimenter la créativité collective (sans parler de l’incontournable Post-it®) ;
- Les outils de management visuel tels que la méthode Kanban permettent d’accélérer le partage de l’information et de la rendre plus transparente ;
- Le Réseau Social d’Entreprise (RSE) et autres plateformes digitales de partage sont utiles à condition que chacun soit formé pour les utiliser et que le cadre méthodologique soit bien défini ;
- Diverses techniques de communication (écoute active, reformulation…) et méthodes de feedback (OSCAR, DESC…) permettent à chacun d’exprimer son avis et sa perception des faits (biais cognitifs) ;
- Plus particulièrement, les démarches pour mettre en lumière ce qui facilite ou entrave la relation, comme la Communication Non Violente (CNV), permettent de développer un climat de confiance et de coopération entre collaborateurs et de résoudre les conflits.
4 clés pour réussir le management participatif
S’il peut s’avérer très efficace, le mode de management participatif – comme les autres styles managériaux (directif, persuasif, délégatif) – n’est pas forcément adapté à toutes les situations et à toutes les équipes. Voici les principales conditions dans la mise en œuvre du management collaboratif :
- Les expériences d’holacratie (un mode de gouvernance s’appuyant sur l’autonomie des employés et l’absence de hiérarchie) qui se sont multipliées ces dernières années n’ont pas toujours été couronnées de succès, notamment à cause d’une mauvaise conduite du changement… Sans aller jusqu’à une organisation holacratique, instaurer un mode de management participatif nécessite d’abord d’avoir une véritable stratégie de transformation – et de sensibilisation- dans l’entreprise.
- Puisque le management participatif encourage la collaboration des salariés à la définition des objectifs et les initiatives et prises de décision en équipe, il est aussi indispensable que les collaborateurs possèdent déjà de solides compétences métier pour que le mode collaboratif en autonomie soit une pleine réussite. Les employés ne disposant pas d’une expérience professionnelle suffisante ont généralement besoin d’un management plus organisationnel.
- Construire un consensus en équipe peut parfois complexifier ou ralentir les boucles de décision. Manager en mode participatif, ce n’est pas déléguer totalement les décisions à ses équipes (et se dégager de toute responsabilité)… Le management collaboratif peut conserver une partie « directive », notamment dans la transmission par le manager de la vision et des principaux objectifs de l’entreprise, les équipes disposant ensuite d’une marge de manœuvre adaptée.
- Enfin, déployer avec succès un mode de management participatif repose évidemment sur… le manager lui-même, qui doit développer son leadership au service de son équipe en intégrant l’état d’esprit collaboratif, en adoptant des postures plus agiles et en maîtrisant de nouvelles compétences (plus relationnelles, moins organisationnelles). La réussite de la transformation de l’organisation n’est possible, une fois encore, qu’à travers la communauté managériale !
Face au désengagement des salariés, le management participatif offre une réponse adaptée aux besoins d’autonomie et de pouvoir de décision des équipes expérimentées, en s’appuyant sur l’intelligence collective. Il est toutefois nécessaire, pour que ce mode collaboratif soit pleinement efficace, de mettre en place un dispositif d’accompagnement à la fois des managers et des collaborateurs, de façon à instaurer la culture, l’état d’esprit et les nouveaux réflexes indispensables à la réussite de votre transformation.