L’impact des nouveaux modes de travail sur la transformation durable de l’industrie

L’impact des nouveaux modes de travail sur la transformation durable de l’industrie

Le 16 février 2022 - Par Marc Branchu

Le 26 mai 2021 est une date extraordinaire au sens propre du terme. Pour la première fois, un tribunal a enjoint une compagnie multinationale de réduire ses émissions de CO2 de 45 % par rapport à 2019 d’ici à la fin 2030 (conformément aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat) : le tribunal néerlandais de La Haye pour le géant pétrolier Shell.

Quoi que l’on pense de l’efficacité réelle de ce type de démarche pour la lutte contre le réchauffement climatique, il n’en reste pas moins qu’elle est très révélatrice de la montée en puissance de l’enjeu environnemental dans les stratégies des entreprises.

La transformation durable au cœur des stratégies dans l’industrie

Les groupes industriels sous pression

Incontestablement, de plus en plus d’acteurs de la société se préoccupent de la démarche RSE des grandes industries :

  • les ONG, désormais expertes et… radicales,
  • les Etats, qui fixent des objectifs ambitieux (loi énergie-climat en France) et sont eux-mêmes sous la pression des citoyens : l’Affaire du Siècle et la Convention Citoyenne pour le Climat en France, les marches pour le climat dans le monde…
  • leurs propres collaborateurs (et même leurs futurs collaborateurs) : des collectifs de jeunes ingénieurs et d’étudiants comme « Pour un Réveil Ecologique » qui se constituent pour exprimer leur désir de produire en tenant compte de l’impact environnemental,
  • Et bien sûr les consommateurs, comme en Europe où ils sont 90 % à attendre des marques qu’elles s’engagent (par exemple avec des modes de fabrication plus responsables) et les aident à mieux consommer, d’après cette étude Oney et OpinionWay sur la consommation raisonnée (février 2020).

Les enjeux RSE désormais intégrés (?)

Selon une étude publiée en avril 2021 par la société d’investissement britannique Arabesque (qui a passé en revue près de 700 grands groupes cotés dans 14 pays dont les Etats-Unis et la Chine), moins d’une grande entreprise sur quatre dans le monde avait alors pris des mesures permettant de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici à 2050. Les entreprises européennes interrogées figuraient toutefois parmi les « bons élèves », notamment en France où un tiers (seulement…) des sociétés du CAC 40 déclaraient avoir pris des mesures pour limiter le réchauffement climatique.

Si ce chiffre est révélateur du chemin qu’il reste à parcourir, la majorité des groupes industriels semble avoir désormais pleinement intégré les enjeux RSE dans leurs axes stratégiques de transformation à long terme :

  • Des groupes automobiles qui placent les mobilités alternatives au cœur de leur ambition de développement (exemple Mobilize de Renault),
  • Des énergéticiens qui conçoivent des solutions pour inciter leurs clients à moins… consommer,
  • Des brasseurs qui transforment leur appareil de production pour baisser drastiquement leur consommation d’eau…

En France, certains groupes industriels tels que Alstom, Michelin, Saint-Gobain ou encore Vinci ont d’ores et déjà été reconnus pour leur excellence environnementale selon le classement 2021 de l’organisation Carbon Disclosure Project (CDP). La France est d’ailleurs en tête des pays européens avec 22 entreprises notées « A » parmi les 272 distinguées dans le monde (sur près de 12 000 entreprises évaluées).

Au-delà de ces quelques exemples, de telles transformations de rupture ne peuvent être menées à bien que par une adaptation profonde de l’entreprise que l’on vous propose d’aborder selon les 4 axes suivants.

4 piliers pour réussir les transformations de rupture dans l’industrie

1. Aligner toutes les équipes pour redonner du sens

Pour passer de la vision à des réalisations très concrètes telles que celles ci-dessus, le défi des dirigeants de ces grands groupes industriels est d’engager fortement l’ensemble des équipes autour d’une ambition environnementale qui, au premier abord, peut se révéler floue et incertaine. Il s’agit donc pour eux de répondre à plusieurs enjeux :

  • aligner l’ensemble des collaborateurs sur une même ambition environnementale dans le cadre de la démarche RSE de l’entreprise,
  • identifier clairement les 3 ou 4 grands chantiers environnementaux prioritaires pour l’entreprise en lien avec cette ambition,
  • piloter et suivre la progression de ces chantiers à un rythme plus dynamique (quels résultats dans 3 mois plutôt que dans 2 ans) et régulier (voir à ce propos la méthode des Objectives & Key Results)

2. Mettre la technologie au service de l’enjeu environnemental

La quatrième révolution industrielle liée à la digitalisation (après la mécanisation, la production de masse et l’automatisation) ou industrie 4.0 a d’ores et déjà transformé profondément l’industrie : dématérialisation de la gestion, personnalisation de masse de la production, maintenance prédictive pour une meilleure productivité, etc. Toutefois, l’impact positif des évolutions technologiques sur l’empreinte carbone de l’industrie tarde à se faire sentir : en 2019, 22 % des émissions de CO2 en Europe provenait du secteur industriel selon l’Agence Européenne de l’Environnement.

La prise de conscience est pourtant réelle. Cette même année, d’après une étude de l’Insee sur les investissements pour l’environnement dans l’industrie, 88 % des établissements industriels français à partir de 500 salariés ont engagé des dépenses antipollution, visant à limiter les gaz à effet de serre (GES) essentiellement générés par les émissions de CO2, et à réduire les effets nocifs de leurs activités sur la qualité de l’air. Les secteurs de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la chimie et de la métallurgie ont même concentré à eux seuls 71 % de ces investissements.

Désormais, la question est surtout de savoir comment exploiter intelligemment les nouvelles technologies (impression 3D, IoT, IA, cobots, Réalité Virtuelle, Big Data…) au service de la transformation durable de l’industrie. En somme, trouver l’équilibre entre les gains qu’elles peuvent générer et l’impact environnemental positif de leur usage pour une production et une consommation plus durables : limitation des déchets, économies d’énergie, éco-conception…

3. Changer les modes de travail pour des innovations industrielles durables

La principale clé pour évoluer vers des modèles industriels durables et résilients est certainement celle-ci.

Au-delà des technologies acquises, les industriels qui performent tout en étant au service de la cause environnementale sont ceux qui transforment radicalement leur organisation avec des pratiques agiles et collaboratives.

L’innovation naît le plus souvent de l’intelligence collective : favoriser les interactions entre les équipes pour générer des économies d’énergie, mettre en œuvre collectivement des processus de production plus écologiques, créer des produits et services plus résilients, intégrer les logiques UX pour aider le consommateur à être un citoyen responsable…

Certes, l’application stricte des méthodes agiles n’est pas toujours appropriée aux grands projets industriels, notamment par rapport aux coûts de développement. Mais l’intégration de l’état d’esprit agile (4 valeurs et 12 principes), de certaines formes d’organisation agile (Squad, Tribu…) et l’application de certaines pratiques agiles (Rétrospective, Feedback…) permettent bien souvent de faciliter une création de valeur centrée sur l’enjeu écologique et d’accélérer sa livraison.

4. Placer la DRH au cœur de la transformation durable de l’industrie

Comme évoqué ci-dessus, la transformation durable de l’industrie est loin de se limiter à la technologie ou de ne concerner que quelques ingénieurs. Cette évolution profonde nécessite à la fois l’implication de tous les collaborateurs et la « mise en tension » de tous les services au sein d’un groupe industriel.

Il revient donc à la Direction des Ressources Humaines d’être le chef d’orchestre du changement pour :

  • Garantir l’alignement et l’engagement de l’ensemble de l’organisation sur la même ambition de transformation, des structures dirigeantes jusqu’aux opérateurs en usine,
  • Impulser la transformation nécessaire de la culture managériale de façon à permettre la mise en œuvre des modes de travail agiles et collaboratifs à l’échelle de l’entreprise,
  • Développer et/ou acquérir les compétences nécessaires pour évoluer vers un business model durable et respectueux de l’environnement,
  • Optimiser l’expérience collaborateur pour retenir et attirer les talents utiles au futur durable de l’industrie.

🔎 Pour aller plus loin, découvrez notre webinaire « Talent management : révéler et engager les leaders de demain » avec les témoignages de ENGIE et Plastic Omnium

10 ans pour se transformer et permettre à chacun de se créer un futur durable et désirable

Tous les experts s’accordent sur le fait que le déroulement de la décennie qui s’ouvre est charnière pour l’avenir de nos sociétés humaines. Le monde industriel a un rôle majeur à jouer dans la diminution de notre impact sur la chute de la biodiversité et le réchauffement climatique.

Mais passer du discours pro-environnemental à une véritable vision d’avenir, immédiatement suivie d’une transformation profonde et concrète, est pour le moins complexe. Les nouvelles méthodes de pilotage stratégique comme la méthode OKR, les pratiques et organisations agiles, les modes de travail collaboratifs… peuvent faciliter ce processus.

Il n’en demeure pas moins que dans un monde industriel encore trop souvent cloisonné, la transformation durable demande un véritable changement de « mindset » et de culture d’entreprise. D’où l’importance d’être conseillé et accompagné dans cette démarche.

Téléchargez nos exemples de transformations réussies dans l’industrie ! 👇

 

Écrit par
Marc Branchu
Marc Branchu
Directeur Conseil Industrie
Un projet ? Vous souhaitez en discuter ?