Rapport Gallup 2025 : les défis majeurs et leviers d’action de l’engagement collaborateur au travail

Rapport Gallup 2025 : les défis majeurs et leviers d'action de l'engagement collaborateur au travail

Le 10 juin 2025

Chaque année, le rapport State of the Global Workplace de Gallup offre un éclairage unique sur l’état d’esprit des salariés à travers le monde.

L’édition 2025, particulièrement attendue, intervient dans un contexte marqué par des bouleversements technologiques (notamment l’irruption de l’intelligence artificielle), des évolutions rapides des attentes des employés et une complexification des environnements de travail.

Cette étude, fondée sur la plus vaste enquête mondiale sur l’expérience collaborateur, met en évidence des tendances majeures : une baisse continue de l’engagement, une montée des émotions négatives et un écart croissant entre les attentes des équipes et les réponses des entreprises.

La présente synthèse reprend les principaux enseignements du rapport global, avec un focus spécifique sur l’Europe et la France, afin d’éclairer les enjeux actuels pour les dirigeants et les professionnels des ressources humaines.

Le désengagement mondial des employés : un défi stratégique pour les entreprises à l’ère de l’IA

Un engagement mondial en recul : un signal d’alarme pour les entreprises

Selon Gallup, le taux d’engagement des employés dans le monde a chuté à 21 % en 2024 (contre 23 % l’année précédente), égalant le recul observé lors de la pandémie en 2020. À l’inverse, 17 % des employés se déclarent activement désengagés, un chiffre en hausse.

Gallup- State of Global Workplace 2025

Pourquoi ? La principale cause identifiée est la baisse de l’engagement des managers, tombé à 27 %. Les jeunes managers (-5 points pour les moins de 35 ans) et les femmes managers (-7 points) sont particulièrement touchés. Ces difficultés sont liées à la complexité croissante de leurs missions depuis la pandémie : attentes accrues des dirigeants, équipes restructurées, et adoption accélérée d’outils digitaux.

« Depuis le départ des dirigeants, qui changent de poste avant que nous puissions vraiment les connaître, il est difficile de développer la confiance. »

Wonseon K., technicien de maintenance, Corée du Sud.

Bien-être au travail : un équilibre de plus en plus difficile à maintenir

Le bien-être des employés, mesuré par l’indicateur « thriving » (personnes s’estimant épanouies dans la vie), a baissé à 33 %. C’est la deuxième année consécutive de recul.

Fait marquant : les managers sont aussi ceux qui voient leur bien-être reculer le plus fortement, avec une baisse de 5 points pour les plus âgés et de 7 points pour les femmes managers.

« Je me sens physiquement épuisée, mais je n’arrive pas à dormir ni à déconnecter. »

Anneliese A., responsable opérations, Allemagne.

Les émotions négatives restent à un niveau élevé dans le monde du travail.

  • Le stress est quotidien chez 40 % des salariés, ce qui reflète une pression constante sur une grande partie de la population active.
  • La colère touche 21 % des employés, révélant une montée des tensions et de la frustration au sein des environnements professionnels.
  • La tristesse est ressentie par 23 % des travailleurs, signalant un mal-être émotionnel durable.
  • Enfin, 22 % des salariés déclarent se sentir seuls, ce qui souligne un isolement social préoccupant, même dans des contextes collaboratifs

L’étude Gallup souligne que les employés engagés sont deux fois plus susceptibles de déclarer « s’épanouir dans la vie » et qu’ils ressentent moins d’émotions négatives.

La collaboration, l’alignement et le respect mutuel sont des leviers puissants de simplification face à la complexité. C’est en cultivant ces conditions que les managers-coachs décuplent l’engagement et la performance des équipes.

« Quand nous travaillons tous ensemble, dans la même direction et avec respect, même les projets les plus difficiles semblent plus simples. »

Bryan V., ingénieur systèmes, Royaume-Uni

 

Des solutions existent : trois actions prioritaires pour les managers leaders

Dans un contexte où l’engagement des collaborateurs recule et où les managers apparaissent comme les premiers touchés par la fatigue organisationnelle, Gallup alerte : le management est devenu le maillon faible de la performance collective.

Pourtant, des leviers concrets existent. L’étude 2025 propose trois pistes concrètes pour soutenir les managers et favoriser l’engagement :

  1. Former tous les managers : le développement managérial peut réduire de moitié le désengagement actif.
  2. Former au coaching : cela peut améliorer les performances managériales de 20 à 28 %.
  3. Soutenir le bien-être des managers : un développement continu peut augmenter le taux de managers « épanouis » de 32 % à 50 %.

« J’ai appris de nouvelles méthodes de travail et comment mieux manager mes collaborateurs, cela m’a beaucoup aidé face aux défis. »

Abu Abdullah A., superviseur, Arabie saoudite

Europe : faible engagement, bien-être sous tension et prudence face au marché du travail

Avec seulement 13 % de salariés engagés, l’Europe reste la région du monde la moins mobilisée professionnellement, loin derrière la moyenne mondiale de 21 %.

Gallup- State of Global Workplace 2025

Ce faible taux s’accompagne d’un chiffre préoccupant : 14 % des employés européens se déclarent activement désengagés, c’est-à-dire non seulement peu impliqués, mais parfois même opposés aux objectifs de leur organisation. Une très large majorité — 73 % — ne se sent ni concernée ni motivée par son travail.

Cette situation révèle une crise silencieuse de l’engagement au travail, symptôme d’un désalignement profond entre les attentes des collaborateurs et les pratiques managériales dominantes sur le continent.

Gallup souligne que, malgré les transformations récentes dans les modes de travail, l’Europe peine encore à créer les conditions d’un engagement durable.

« L’Europe continue d’afficher le plus faible taux d’engagement mondial. » — Gallup 2025.

Un bien-être global contrasté au sein des pays européens

Sur le plan personnel, les salariés européens affichent un niveau de bien-être globalement supérieur à la moyenne mondiale : 47 % se disent épanouis dans leur vie, contre 33 % dans le reste du monde.

Toutefois, ce tableau positif est nuancé par l’existence d’une minorité significative — 5 % — en grande souffrance. Les émotions négatives, bien que présentes, sont globalement moins fréquentes que dans d’autres régions : le stress touche 38 % des répondants (vs 40 % dans le monde), la colère 14 % (vs 21 %) et la solitude 12 % (vs 22 %).

Ce paradoxe européen — faible engagement professionnel mais bien-être personnel relativement préservé — semble traduire un certain désenchantement vis-à-vis du travail, dans un contexte où les aspirations individuelles ont évolué plus vite que les pratiques organisationnelles.

47 % des Européens se disent épanouis dans leur vie, un taux supérieur à la moyenne mondiale. Toutefois, 5 % déclarent être en grande souffrance.

Les émotions négatives y sont plus faibles qu’ailleurs : Stress : 38 % (vs 40 % mondial), Colère : 14 % (vs 21 %), Solitude : 12 % (vs 22 %).

« Le bien-être en Europe reste mitigé, reflet d’un marché mature mais désillusionné. » — Gallup 2025.

Perception du marché du travail : une prudence optimiste

Malgré un contexte économique incertain, les salariés européens affichent un regain de confiance : 57 % considèrent que c’est un bon moment pour trouver un emploi, en hausse de 5 points en un an.

Mais cette confiance reste mesurée, puisque 30 % seulement déclarent être en veille ou en recherche active.

« Les salariés européens perçoivent des opportunités mais demeurent prudents. » — Gallup 2025.

France : un engagement alarmant malgré un marché de l’emploi plus dynamique

Un engagement des employés français préoccupant

Le niveau d’engagement des salariés français reste alarmant : seuls 8 % (7% en 2023) se déclarent pleinement engagés dans leur travail, contre une moyenne déjà faible de 13 % en Europe. Ce chiffre place la France parmi les derniers du classement mondial en la matière (36ème sur 38).

Gallup- State of Global Workplace 2025

Malgré des initiatives prises dans certains secteurs pour repenser le management, renforcer la reconnaissance ou favoriser l’autonomie, les résultats tardent à se faire sentir à grande échelle.

Ce désengagement chronique pèse sur la performance collective, l’innovation et la rétention des talents. Il constitue un signal fort pour les entreprises françaises : repenser la relation au travail n’est plus une option, mais une urgence stratégique.

« La France reste à la traîne sur l’engagement, malgré des efforts visibles dans certains secteurs. » Gallup 2025.

Un bien-être au travail inférieur à la moyenne européenne

En France, seuls 41 % des salariés se déclarent épanouis dans leur vie, un niveau inférieur à la moyenne européenne qui atteint 47 %, traduisant un bien-être plus fragile dans l’Hexagone.

  • Le stress reste un phénomène largement répandu, avec 38 % des salariés qui en font l’expérience au quotidien.
  • La colère est ressentie par 19 % des employés français, soit un niveau supérieur à la moyenne européenne fixée à 14 %, ce qui peut traduire une forme de tension plus marquée dans les relations professionnelles.
  • Par ailleurs, 17 % des salariés disent souffrir de solitude, soulignant un besoin persistant de lien et de reconnaissance au travail

« Les émotions négatives demeurent un défi persistant pour les entreprises françaises. » — Gallup 2025.

Mobilité professionnelle et perception du marché de l’emploi

51 % des salariés jugent qu’il est facile de trouver un emploi (hausse de 7 points par rapport à l’an dernier), et 29 % recherchent activement ou surveillent le marché.

« Le marché de l’emploi français semble plus dynamique que par le passé, mais l’engagement reste le maillon faible. » — Gallup 2025.

A retenir de l’étude Gallup 2025

Le rapport 2025 de Gallup confirme une stagnation de l’engagement global des salariés, avec des signes de fragilité émotionnelle persistants, surtout en Europe.

La France, en particulier, affiche des taux d’engagement préoccupants malgré une légère amélioration de la perception du marché du travail.

Le défi clé pour les dirigeants européens et français reste, à travers le développement managérial, d’articuler performance et bien-être au travail afin d’inverser la tendance.

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