En février 2024, le Cigref (1) a publié une note (2) visant à partager les expériences et bonnes pratiques en matière d’intelligence artificielle générative (IAG) en entreprise.
Cette initiative portée par le groupe de travail Cigref « IA & IA génératives » fait suite à la rapide évolution des technologies d’intelligence artificielle et à leur adoption croissante dans le monde professionnel, soulignant l’importance de comprendre et exploiter les outils d’IA tout en maîtrisant leurs risques.
Voici notre synthèse du rapport du Cigref et le retour d’expérience de Cyrille Chaudoit, cofondateur de TalenCo et expert des transformations numériques, qui accompagne de nombreuses entreprises dans leurs projets d’acculturation à l’IA générative.
Sommaire :
- Accompagner l’essor et l’appropriation de l’intelligence artificielle
- Les bonnes pratiques pour intégrer l’intelligence artificielle dans l’entreprise
- Les cas d’usage des outils d’intelligence artificielle générative
Accompagner l’essor et l’appropriation de l’intelligence artificielle
Pour le Cigref, la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative « nécessite une acculturation des citoyens et des entreprises aux données et aux outils d’IA. La formation et la sensibilisation sont essentielles pour appréhender les opportunités offertes par l’IA, tout en reconnaissant ses limites et en évitant de lui attribuer des qualités humaines« .
Le rapport insiste sur l’importance de garder le contrôle sur la qualité des données, la nature des requêtes et les résultats produits par les outils d’IA.
Cyrille Chaudoit précise : « En l’état actuel du déploiement des projets d’iA Génératives, nous assistons à un paradoxe : les collaborateurs plébiscitent une intégration des iA-G mais craignent pour leur travail. Cela tient notamment à notre tendance à anthropomorphiser tous nos outils technologiques. Le vocabulaire associé (intelligence, hallucinations, assistant, etc.) n’y est pas étranger. Le Cigref a raison d’insister sur ce point. En l’espèce, ce sont les compétences humaines à faire évoluer qui doivent faire l’objet de toute notre attention. »
« Les collaborateurs plébiscitent une intégration des iA-G mais craignent pour leur travail.«
Les bonnes pratiques pour intégrer l’intelligence artificielle dans l’entreprise
Le groupe de travail du Cigref évoque l’importance d’adopter une démarche structurée pour identifier les bénéfices et les risques associés à l’IA générative. La gestion et l’exploitation des outils d’IA nécessitent une approche cohérente intégrant les solutions d’IA au sein des stratégies globales de l’entreprise.
Les organisations participant au groupe de travail ont partagé 3 bonnes pratiques essentielles, valables pour tout type d’entreprise :
- Commencer par des expériences à petite échelle et pratiquer le « test and learn »
- Travailler avec des partenaires fiables
- Choisir les outils d’IA les plus adaptés aux besoins spécifiques de l’entreprise
Cyrille Chaudoit confirme le premier point : « La plupart des entreprises que nous accompagnons ont commencé par tester le potentiel des outils d’iA-G via la mise en place de playgrounds sécurisés permettant aux différents métiers d’expérimenter des cas d’usages par des POC (Proof Of Concept). En matière d’iA, le test and learn va très vite. Le véritable défi à présent est le passage à l’échelle !« .
Nous évoquons notamment ce point dans notre webinaire Intelligences artificielles génératives : comment accompagner vos équipes en 2024 ? avec François Debois, de l’Oréal.
Les cas d’usage des outils d’intelligence artificielle générative
Pour le Cigref, les entreprises doivent établir des cas d’usage précis, et évaluer les solutions d’IA disponibles et leurs roadmaps. Les applications de l’IA générative se répartissent en trois catégories principales selon le rapport :
- l’amélioration de la productivité interne,
- l’automatisation des processus opérationnels,
- la création de nouveaux services ou produits offrant un avantage compétitif.
Cyrille Chaudoit explique : « Les cas d’usages sont multiples avec l’iA générative. Ils varient évidemment selon les secteurs et les métiers. Le premier driver auquel on pense généralement est celui des gains de productivité. Mais il va de soi qu’avant d’imaginer déployer une solution d’iA, il convient d’interroger sa véritable utilité et sa viabilité à long terme, mais aussi la réallocation de ces gains de productivité obtenu vs. les collaborateurs concernés. La fonction RH et le Strategic Workforce Planning (upskilling/reskilling) doivent être une clé de voûte de ces réflexions avant tout passage à l’échelle« .
« La fonction RH et le Strategic Workforce Planning doivent être une clé de voûte des réflexions sur l’iA avant tout passage à l’échelle«
Quels usages pour les outils d’intelligence artificielle ?
- Automatiser : L’IA automatise l’exécution quand le système dispose de toutes les données nécessaires à la prise de décision.
- Décider : L’IA aide à la décision mais l’exécution est assurée par les bonnes compétences dans l’organisation.
- Recommander : Quand l’IA ne dispose pas d’assez de contexte pour décider, elle peut émettre des recommandations pour aider à la prise de décision.
- Inspirer : L’IA propose des aperçus, des réflexions à partir des informations à disposition, les RH s’appuient dessus pour produire, anticiper, innover.
- Évaluer : L’IA analyse des scénarios proposés par les équipes.
- Générer : L’IA génère différentes sortes de contenus.
- Enseigner et faire progresser : L’IA permet de noter des entrants et d’identifier comment progresser.
Au-delà des usages, plusieurs critères tels que la confidentialité des données, la fiabilité des résultats et l’expérience utilisateur doivent aussi être considérés dans le choix d’un outil d’IA générative.
Les technologies d’IA générative offrent des opportunités significatives d’innovation et d’amélioration de l’efficacité. Elles doivent toutefois être adoptées de manière éclairée et responsable pour en maximiser les avantages tout en minimisant les risques potentiels.
Réussir l’intégration de l’intelligence artificielle en entreprise nécessite une démarche rigoureuse, une bonne gouvernance des données et une évaluation constante des risques et bénéfices. Il est aussi primordial de sensibiliser et former les équipes pour s’assurer de la bonne appropriation et du bon usage de l’intelligence artificielle générative.
(1) Le Cigref est un réseau de grandes entreprises et administrations publiques françaises qui a pour mission de développer la capacité de ses membres à intégrer et maîtriser le numérique. Par la qualité de sa réflexion et la représentativité de ses membres, il est un acteur fédérateur de la société numérique. Association loi 1901 créée en 1970, le Cigref n’exerce aucune activité lucrative.
(2) Note issue des réflexions du Groupe de Travail Cigref « IA & IA génératives » piloté par Baladji SOUSSILANE, Vice-President Digital & IT du groupe Air Liquide, administrateur du Cigref, animé par Marine de Sury, directrice de mission au Cigref, et réunissant plus d’une cinquantaine de ses membres pour échanger sur leurs pratiques et mettre en commun leurs expériences.