La 6ème édition du Baromètre* de la formation et de l’emploi, publiée en février 2025 par Centre Inffo avec l’Institut CSA, offre un panorama assez complet des perceptions et perspectives des actifs français vis-à-vis de la formation et la reconversion professionnelles avec, cette année, un focus plus particulier sur les incidences de l’Intelligence artificielle.
Dans un contexte où les transformations du monde du travail poursuivent leur accélération, notamment avec l’arrivée de l’intelligence artificielle générative, la formation professionnelle s’affirme une fois encore comme un levier clé d’adaptation, de projection et d’action pour les salariés.
Le Baromètre de la formation professionnelle 2025 dresse un état des lieux précis des perceptions, attentes et pratiques des actifs en matière de formation et d’emploi. Il révèle une aspiration forte à la progression et à l’autonomie, mais aussi des écarts persistants d’accès à l’information et à l’accompagnement.
*Baromètre basé sur un échantillon de 1 621 actifs français âgés de 18 ans et plus, représentatif de la population des actifs français selon les critères de sexe, d’âge, de statut en emploi, de la catégorie socio-professionnelle, de la région d’habitation et de la taille d’agglomération
Sommaire :
- La formation professionnelle, levier incontournable face aux mutations du travail
- La formation, une dynamique individuelle à renforcer collectivement
- Une information qui progresse mais reste inégalement partagée
- Des dispositifs de formation bien connus… ou complètement invisibles
- Une envie de formation freinée par des obstacles persistants
- Reconversion professionnelle : un mouvement qui se structure
- IA et monde du travail : entre appropriation et vigilance
1. La formation professionnelle, levier incontournable face aux mutations du travail
Dans un monde du travail en mouvement permanent, les collaborateurs doivent s’adapter à des métiers qui évoluent rapidement. Pourtant, cette pression ne nuit pas à leur confiance dans l’avenir. La formation devient ainsi un socle essentiel pour rester compétent et proactif, en particulier dans un contexte où les mobilités professionnelles sont nombreuses.

Une progression de la confiance des actifs dans l’avenir
- 69 % des actifs se disent confiants dans leur avenir professionnel (+2 pts vs 2024)
- 81 % chez les cadres, 80 % chez les 18-24 ans
De nombreux métiers en transformation rapide
- 43 % estiment que leur métier évolue très vite (un record depuis 2020)
- 85 % considèrent que leur métier évolue d’une manière ou d’une autre
Une projection à moyen terme marquée par la stabilité
- 43 % pensent exercer le même métier dans 5 ans, mais sous une forme différente
- 27 % s’attendent à faire un autre métier
Une envie de changement professionnel toujours forte
- 51 % des actifs envisagent un changement d’emploi
- 34 % prévoient ce changement dans les 2 ans à venir
« Les turpitudes économiques n’entament pas la confiance des actifs dans leur avenir professionnel. (…) Les actifs sont conscients qu’ils vont devoir s’adapter en permanence… d’où l’importance de la formation continue ! »
Julie Gaillot, directrice de pôle chez CSA (Institut d’Etudes)
2. La formation, une dynamique individuelle à renforcer collectivement
Les actifs continuent de se percevoir comme les premiers acteurs de leur formation. Néanmoins, la tendance est à une attente accrue vis-à-vis des entreprises et institutions. Si la responsabilisation individuelle reste majoritaire, elle ne doit pas masquer le besoin croissant d’accompagnement dans les parcours professionnels.
Une responsabilité perçue surtout individuelle
- 74 % estiment que c’est à chacun de piloter son parcours de formation (en baisse de 6 pts depuis 2022)
- Ce chiffre atteint 90 % chez les indépendants, 80 % chez les personnes en reconversion
Une implication déclarée, mais inégale
- 69 % disent être suffisamment acteurs de leur formation (stable depuis 2022)
- Ce chiffre grimpe à 87 % chez les 18-24 ans, mais chute à 41 % chez les plus de 50 ans
« 3 actifs sur 4 se disent responsables de leur formation. La loi de 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel a donc gagné son pari ! (…) Cela n’exclut pas néanmoins un besoin d’être accompagné, dans un système de formation qui peut être complexe ou mal connu ».
Pascale Romenteau , Directrice Générale de Centre Inffo
3. Une information qui progresse mais reste inégalement partagée
Si le sentiment d’être bien informé sur la formation s’améliore, il reste contrasté selon les profils. Les jeunes et les indépendants se sentent davantage en capacité de s’orienter, là où les chômeurs, les agents publics et les plus de 35 ans pointent un réel déficit d’information.
Un niveau d’information à géométrie variable
- 53 % des actifs se disent bien informés (+1 pt)…
- …mais 64 % des chômeurs et 55 % des agents publics déclarent le contraire
Des sujets encore mal identifiés
- Moins d’un actif sur deux se sent bien informé sur les modalités de financement, les organismes de proximité ou les lieux d’orientation
Des canaux d’abord numériques ou relationnels
- 38 % utilisent les moteurs de recherche
- 32 % passent par leur employeur, 27 % par des sites spécialisés, 25 % par leur réseau
4. Des dispositifs de formation bien connus… ou complètement invisibles
Le baromètre révèle un fort déséquilibre en matière de notoriété des dispositifs de formation. Tandis que certains (comme l’apprentissage ou le bilan de compétences) sont bien identifiés, d’autres peinent à se faire connaître, malgré leur potentiel.
Des dispositifs bien ancrés
- Apprentissage : connu de 94 % des actifs
- Bilan de compétences : 92 %
- VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) : 83 %
Des dispositifs en retrait
- Pro-A : 36 % (-2 pts)
- Cléa : 31 % (-4 pts)
- CEP : 45 % (-2 pts)
Un intérêt fort pour la VAE
- 59 % des actifs se déclarent intéressés par la VAE, notamment les jeunes et ceux en reconversion
5. Une envie de formation freinée par des obstacles persistants
Si près de la moitié des actifs envisagent de se former dans l’année, cette proportion est en léger recul. Manque de temps, de motivation ou d’adéquation de l’offre constituent encore des freins importants à lever.
Des intentions qui reculent légèrement
- 47 % souhaitent suivre une formation dans les 12 mois (-3 pts)
- Jusqu’à 71 % chez les 18-24 ans, 60 % chez les 25-34 ans
Des freins qui restent structurels
- Manque d’envie (29 %), manque de temps (25 %), offre inadaptée (20 %)
- 53 % ne comptent pas se former cette année
Une orientation déjà claire pour les intéressés
- 60 % des personnes intéressées ont une idée précise de la formation souhaitée
6. Reconversion professionnelle : un mouvement qui se structure
Si la proportion d’actifs actuellement en reconversion diminue, l’intérêt pour une telle démarche reste soutenu. Elle touche particulièrement les jeunes, les demandeurs d’emploi et ceux en quête de sens. Mais elle nécessite encore un accompagnement massif.
Une baisse des actifs en reconversion
- 18 % en reconversion actuellement (-3 pts)
Une intention stable de reconversion
- 36 % des autres actifs envisagent une reconversion à horizon 2-5 ans
- Au total, 47 % des actifs sont concernés ou intéressés
La formation au cœur des reconversions
- 61 % suivent ou suivront une formation dans ce cadre
- 83 % chez ceux déjà en reconversion

Un besoin d’accompagnement très affirmé
- 62 % estiment avoir besoin d’être accompagnés dans cette démarche
- 80 % chez ceux qui sont déjà engagés dans une reconversion
7. IA et monde du travail : entre appropriation et vigilance
L’intelligence artificielle entre pleinement dans les usages professionnels, notamment pour l’aide à la rédaction ou à la recherche d’informations. Si l’enthousiasme est là, il s’accompagne d’un besoin fort de formations à l’intelligence artificielle générative pour maîtriser les enjeux et tirer le meilleur parti de ces outils.
« Il y a un besoin de formation extrêmement important, quand on sait la petite révolution que l’intelligence artificielle va engendrer dans les prochaines années ! »
Julie Gaillot, directrice de pôle chez CSA (Institut d’Etudes)
Une connaissance généralisée mais imparfaite
- 97 % connaissent l’IA, mais 41 % se disent mal informés
- 64 % se sentent à l’aise avec ces outils (84 % chez les 18-24 ans)
Une adoption croissante de l’intelligence artificielle
- 53 % l’utilisent dans un cadre pro, 64 % dans un cadre personnel
- 31 % l’utilisent plusieurs fois par semaine dans un contexte pro
L’IA générative au service d’usages multiples
- Recherche d’information (46 %), rédaction (43 %), analyse (33 %), automatisation (32 %), créativité (32 %)
Une perception ambivalente des impacts de l’IA
- Opportunité pour 43 %, menace pour 27 %, aucun impact pour 30 %
- 77 % redoutent une dépendance, mais 76 % y voient un gain de temps

Une forte demande de formation à l’IA
- 72 % des utilisateurs ressentent un besoin de se former à l’IA
- 52 % souhaitent un niveau confirmé, 41 % un niveau débutant
- Les formations existantes sont encore peu connues : seuls 29 % savent qu’une offre dédiée existe
Les chiffres clés du Baromètre 2025 de la formation et de l’emploi montrent que les actifs ont pleinement conscience de l’importance de se former, de se réinventer, de s’adapter aux mutations du monde du travail.
Il incombe aux RH et autres organismes de leur offrir les bonnes clés pour tirer le meilleur de la formation professionnelle : information claire, accompagnement adapté, dispositifs lisibles et formations concrètes, notamment sur les sujets émergents comme l’intelligence artificielle.