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La formation des collaborateurs face à l’hybridation du travail
Dans un contexte d’hybridation des modes de travail, accompagner le développement des compétences – même en télétravail – nécessite une adaptation forte des modalités d’apprentissage… et des contenus pédagogiques associés !
Cette adaptation de la formation vers le blended learning (mix distanciel/présentiel) est d’autant plus nécessaire avec l’évolution des attentes de collaborateurs désormais adeptes de contenus courts et percutants (notamment les jeunes générations nées avec le digital).
Selon le baromètre Digital Learning 2023 de l’AFINEF, 85 % des entreprises françaises pratiqueraient déjà le blended learning. Et pour cause ! Portées par la digitalisation des pratiques professionnelles, les modalités distancielles ouvrent un nouveau champ des possibles pour individualiser la formation et apprendre en continu. Mais… elles ne peuvent pas remplacer les modalités présentielles qui apportent deux paramètres indispensables : l’expérientiel et le lien social.
Alors, comment les équipes formation et RH peuvent-elles faire évoluer les dispositifs de développement des compétences vers le blended learning ? Quels sont les formats et les outils à mixer pour développer l’impact des modalités d’apprentissage au service de l’efficacité pédagogique et de l’expérience apprenant ?
Pour y répondre et poser concrètement les grands enjeux du développement des compétences, TalenCo a organisé en mai 2023 un webinaire conçu et animé par Cyrille Chaudoit, Cofondateur de TalenCo, avec 4 grands témoins :
- Nicolas Pauthier, Global VP of HR, Learning & People Development chez L’Oréal
- Charlotte de Raismes, Directrice de la Formation chez Bouygues Immobilier
- Guillaume Guichard, Expert blended learning chez getalearn
- Jean Baptiste Gouin, CEO chez TalenCo
Voici les points clés à retenir sur le sujet !
Les définitions du Blended Learning et de la formation hybride
Pour bien comprendre de quoi l’on parle exactement, il est bon de redéfinir ces deux notions :
- le Blended Learning (formation mixte) est une alternance de modalités d’apprentissage présentielles et distancielles (e-learning, classe virtuelle, présentiel…),
- l’Hybrid Learning (formation hybride) est un modèle de formation qui croise des temps (synchrone / asynchrone), des lieux (présentiel / distanciel) et des relations (collaboratives ou autonomes). Pour Guillaume Guichard, « l’Hybrid Learning est la manière de s’affranchir des contraintes traditionnelles de la formation ».
Pour cet expert du digital learning, le plus important lorsqu’on conçoit et scénarise une formation, c’est d’abord de partir de l’objectif, puis identifier les usages d’apprentissage que l’on souhaite obtenir. Le choix de l’outil arrive en dernier lieu pour servir au mieux les objectifs et les usages.
1. Développer et adapter les compétences : des enjeux cruciaux pour l’avenir
Depuis quelques années, dans un contexte de transformation digitale et et tout particulièrement depuis la crise sanitaire, on assiste à une véritable évolution des compétences.
Pour Nicolas Pauthier, « le plus marquant, c’est la vitesse d’évolution qui s’accompagne d’une forme d’hyperspécialisation des compétences ».
Pour L’Oréal, comme pour toutes les entreprises, il y a aujourd’hui un enjeu majeur de veille stratégique sur les compétences dont on aura besoin demain.
Chez Bouygues Immobilier, « la formation accompagne la transformation et le plan stratégique ». Pour Charlotte de Raismes, « on doit changer pour répondre aux enjeux sociétaux, environnementaux, digitaux… Aujourd’hui, la formation accompagne les métiers de façon spécifique et personnalisée ».
2. Individualiser et personnaliser l’expérience apprenant
Avec la révolution digitale, on est passé à l’ère de l’individualisation et la formation n’échappe pas à cette règle.
Pour Jean Baptiste Gouin, « il y a une réelle nécessité de développer la culture d’apprentissage, d’individualiser la formation et de responsabiliser les collaborateurs pour que ce soit le plus efficace selon les besoins, le rythme et les appétences de chacun ».
Pour Nicolas Pauthier, « la formation, c’est comme un muscle : plus on se forme, plus on a envie de se former ». Tout l’enjeu est de créer les rituels et les modalités variées pour permettre aux collaborateurs de se responsabiliser sur leur formation.
Pour concevoir et individualiser les programmes de formation, il est essentiel d’avoir une approche UX et de se demander quelle expérience, quelles émotions, on veut faire vivre à l’apprenant. Cela permettra de concevoir les bons dispositifs et les bonnes modalités.
Pour se mettre « dans la peau » de l’apprenant, il est utile de créer des « personae » qui permettront de cibler des parcours selon les profils.
Pour Guillaume Guichard, il est également important « d’envisager la formation comme un processus global qui continue après la formation, et non comme une finalité ».
3. Bien calibrer les modalités pédagogiques entre présentiel et distanciel
Digital learning, vidéo learning, micro learning, podcast… Ces « nouvelles » modalités d’apprentissage (souvent asynchrones et à distance) bousculent déjà la formation en présentiel.
La répartition présentiel / distanciel et les modalités peuvent varier selon les entreprises et les situations :
Chez Bouygues Immobilier, chaque métier est accompagné distinctement selon les besoins et usages. Par exemple, pour les commerciaux, la répartition s’équilibre entre présentiel (accompagnement métier individuel) et distanciel (synchrone ou asynchrone) pour les formations liées aux évolutions légales.
Pour les autres métiers, « le présentiel reste le ciment de la formation » car, pour Charlotte de Raismes, « les gens ont besoin de se voir, d’échanger ». Les capsules e-learning sont plutôt réservées aux formations obligatoires.
Selon le baromètre 2023 de l’ISTF*, l’accompagnement des apprenants reste le premier facteur de motivation pour terminer une formation en ligne.
Chez L’Oréal, la répartition présentiel / distanciel a beaucoup évolué ces dernières années. Selon Nicolas Pauthier, « avant 2019, on était sur du 80% présentiel / 20% distanciel. Pendant la crise Covid, la tendance s’est totalement inversée dans les mêmes proportions. Depuis 2022, c’est plutôt 50/50. La crise sanitaire a permis de multiplier les modalités distancielles et les opportunités de formation à l’international, notamment via les webinaires ». Pour tous les programmes liés au management, leadership et culture, la direction prône le retour en présentiel.
En effet, pour Jean Baptiste Gouin, « plus que jamais, la formation doit servir le plan stratégique, et pour cela, le présentiel est indispensable afin de développer la culture d’entreprise, le sentiment d’appartenance pour générer de l’engagement et du lien social ».
4. Donner envie de se former et générer de l’engagement
« On ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif ». Pour Jean Baptiste Gouin, « il est très important de donner envie. La communication (avant, pendant, et après la formation) est une compétence clé pour les équipes RH et Formation afin de générer de l’impact auprès des collaborateurs ».
Créer de l’appétence, c’est aussi faire évoluer le présentiel pour lui donner une dimension plus expérientielle et événementielle (ludo-pédagogie, grands groupes…) et faire vivre aux collaborateurs de nouvelles expériences.
Susciter l’envie de se former passe également par le fait de proposer des expériences et des contenus de qualité, pertinents qui aident les collaborateurs à se développer : c’est un gros enjeu des directions de la Formation et des Ressources Humaines.
5. Des outils et technologies au service de la personnalisation de la formation
Depuis quelques mois, le métavers et les intelligences artificielles génératives comme ChatGPT bouleversent le monde de la formation :
Pour Guillaume Guichard, « il est encore un peu trop tôt pour se former dans le métavers. En revanche, l’Adaptive Learning (e-learning alimenté par l’intelligence artificielle) existe déjà et permet de personnaliser en temps réel le parcours de formation (selon le profil, les compétences, les réponses…). A chacun son parcours pour un même résultat à l’arrivée ! ».
Chez Bouygues Immobilier, justement, un parcours de formation pour les concepteurs a été réalisé en Adaptive Learning en distanciel. Pour Charlotte de Raismes, « cette personnalisation rassure les collaborateurs qui comprennent que la formation s’adapte à eux ».
Chez L’Oréal, on est encore en phase d’apprentissage et de test en matière de Blended Learning. Quant au métavers, « on regarde ce qui peut être fait notamment en matière d’intégration des collaborateurs et les opportunités de créer de l’engagement et de l’émotion ».
La formation du futur sera hybride et continue !
A l’unanimité des intervenants, la formation de demain sera ultra-personnalisée, impactante, différenciante, et chacun sera autonome sur son propre parcours, selon les besoins et ce, de manière permanente.
Pour Nicolas Pauthier, « la learning agility, c’est-à-dire la capacité à apprendre en permanence, fera la différence demain. La formation du futur sera individualisée, personnalisée, multicanale… mais le vrai enjeu, c’est qu’elle soit continue ! ».
*enquête ISTF du 4ème trimestre 2022 auprès de 450 professionnels de la formation